Test : VVVVVV

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S’agissant de tester des portages en provenance d’autres plateformes plus ou moins nobles, je dois vous avouer voir, à chaque fois, perler, sur mon front légèrement ridés, quelques gouttes d’angoisse. Comme il est effrayant de remettre les mains dans le cambouis, surtout lorsque l’on y a déjà joué. Et de se demander également comment les développeurs vont bien pouvoir adapter le tout sans faire trop de concessions. On a déjà vu tant de ratés que mes propres craintes sont souvent fondées. Il n’empêche qu’il existe bien des réussites, et, la sortie récente de VVVVVV (quel nom !) a tendance à ne point me morfondre par avance. Comment mal porter un tel jeu ?

Il faut avouer que ce ne serait point de chance ! Ce jeu était une petite bombe de jeu indépendant sur PC, plusieurs fois plébiscité autant par la presse spécialisée que par les joueurs eux-mêmes. Pour le dézinguer totalement, il faudrait que Terry Cavanagh se plante complètement, notamment sur la qualité de la prise en main. Et, franchement, je ne le vois pas planter ce jeu de plateforme à la sauce 8 bits. Mais, bon, nous ne sommes jamais à l’abri d’une mauvaise surprise, un peu comme une couche de roquefort qu’un cuisinier aurait insidieusement dissimulée dans une forêt noire.

Sortez votre commodore 64 !

Pour rater un portage, il existe plusieurs solutions, notamment une essentielle : celle de la technique. Avec son look tout droit sorti des premiers ordinateurs 8 bits, il aurait été étonnant que l’adaptation soit ratée. Cette version est identique à celle des autres plateformes, et c’est tant mieux, car, souvent, c’est dans la simplicité que le travail est apprécié.

Cela commence doucement...

Cela commence doucement…

Globalement, dire que VVVVVV ressemble à un jeu des temps anciens n’est pas un euphémisme, et encore moins une tare, puisque l’ensemble est bien équilibré. Graphiquement, on est dans le minimalisme. Au niveau des sons, il en est de même. Mais, étrangement, alors que la technique semble être totalement au rabais par rapport aux standards habituels, VVVVVV se montre particulièrement attachant. Il dégage même une atmosphère unique.

L’histoire y est peut-être pour beaucoup : Le vaisseau dans lequel vous vous trouvez a un incident majeur, et votre équipage, pris de panique, va partir dans tous les sens. A vous de les retrouver dans ce vaisseau. Une histoire simple pour une réalisation simple. Et pourtant, dès que le premier coup d’œil, dès les premières secondes, VVVVVV vous emmène dans un voyage particulièrement attirant. Mais, me direz-vous, comment faire d’un jeu moche, esthétiquement parlant, un jeu attirant ?

VVVVVV : le V6 des jeux de plateforme ?

Répondons aux deux questions posées, et ce, dans l’ordre : c’est simple mais compliqué, et « oui ». Voilà, vous pouvez passer à la conclusion directement. Ou pas.

Tout d’abord, VVVVVV est compliqué à appréhender, mais, dès que l’on commence à placer ses doigts sur l’écran, rien ne pourrait vous empêcher de jouer sans cesse, ignorant ainsi le passage des minutes voire des heures sur votre montre. Un prodige ? Non, simplement la conséquence d’un jeu extrêmement bien pensé, maniable et addictif à souhait.

Une histoire qui se dévoilera au fur et à mesure des difficultés rencontrées

Une histoire qui se dévoilera au fur et à mesure des difficultés rencontrées

Le principe du jeu est simple : il vous faut passer chaque tableau dans ce labyrinthe que représente votre vaisseau spatial en mauvaise état. Pour ce faire, il vous sera nécessaire d’éviter les multiples pièges posés avec intelligence sur votre passage. Le côté bas-gauche de l’écran, comme expliqué dans le tutorial du jeu, vous donne l’accès à la direction de votre personnage, le côté opposé au saut possible. Facile, non ? He bien pas du tout, puisque VVVVVV vous propose un challenge de haut niveau, d’où le V6 qui met le turbo.

En effet, le jeu est difficile, mais point insurmontable. De plus, à chaque tableau, même si celui-ci a vu votre échec, vous le recommencerez sans perdre votre progression. Vous verrez que ce ne sera pas de trop, vu l’exigence d’adresse demandé par le jeu. Mais, ce qui fait indéniablement sa force demeure sa propension à ne point vous décourager, à vous donner le sentiment que, malgré vos échecs, il est tout-à-fait possible que vous fassiez mieux. Ainsi, votre progression sera, certes, lente, mais vous donnera la satisfaction d’être parvenu à vous surpasser. Et cela n’a pas de prix.

Là où d’autres jeux de plateforme donneront dans la facilité, VVVVVV prend un chemin inverse, et cela est délectable. Disponible au prix de 2.45 euros, certains pourront faire les grincheux. Loin de moi l’idée de jouer la Blanche-Neige, ainsi que sa gentillesse naturelle ô combien horrifiante, mais je pense, sincèrement, que le tarif est justifié surtout comparé aux autres productions du moment qui essayeront de fouiller dans votre porte-monnaie avec une envie à peine voilée. Au moins, le prix est annoncé et il demeure tout ce qu’il y a de plus honnête pour l’un des meilleurs jeux de plateforme du moment. VVVVVV est un véritable V6. Bien que sommaire techniquement, il vous demandera du doigté, des réflexes ainsi que de la réflexion. Chaque action sera pesée. Chaque tableau sera la récompense de votre ténacité. C’est ce qui fait sa force : un jeu compliqué où l’on a toujours envie d’aller plus loin. Addictif ? Assurément. Réussi ? Assurément. Une bonne adaptation ? La question ne se pose même pas au final.

Testé par J.Canonne • 83%
  • Une exigence récompensée
  • Une réalisation équilibrée
  • Une progression intelligente
  • Un level design réussi
  • Addictif
  • Le prix, pour certains
  • Un peu court

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