Quand je bossais sur Paris, on se marrait bien. Tout le temps. Tous les jours. Dès qu’on le pouvait. Je dois avouer ici que nos saillies drolatiques n’atteignaient que rarement le summum de la finesse, bref pas de quoi inquiéter notre Bigard national dont l‘exquise verve n’a d’égale que son talent hors norme. Mon meilleur pote était doué pour faire rire, en tout lieu et en toute circonstance. J’ai beaucoup appris à ses côtés, je l’admets. Rendons César à César comme dirait Patrice Evra, de quoi rendre chien les adeptes des citations. Ce pote en question (il se reconnaîtra) était un fin limier, et avait réponse à tout, sur le ton de la plaisanterie. Cela allait du simple « Si j’avais un chien, ce serait un cocker, et je l’appellerai Joe », ou bien encore « J’adore le clavier sur lequel je travaille, je lui ai même donné un nom : Christian ». Tout le temps. A longueur de journée. Et on se marrait car il est bon de rire parfois. Et, étrangement, au même de rédiger mon test sur un jeu de flipper j’ai pensé à lui et me suis dit : « Si j’avais créé un jeu de flipper, je l’aurais appelé Dolphin ». Oui, je sais, c’est moins drôle. Mais comme le dirait Chevallier et Laspales, je le garde quand même !
Tester un jeu de flipper sur Android, voilà qui aurait pu me faire flipper justement, n’ayant jamais eu l’occasion de faire glisser mes doigts gras (après les quatre heures, car c’est Nutella) pour pousser des balles métalliques, je me suis dit que l’occasion fait le larron. Sur le Playstore, il en existe quelques-uns qui ont l’air pas mal. Mais, je ne voulais point du « pas mal », je voulais du neuf, du « qui en jette », de l’original. Et il semble que les studios français de ShineResearch aient répondu à mes attentes avec leur deuxième jeu sur Android, sorti il y a quelques jours : Quantic Pinball. En espérant juste que sous l’habillage classique du flipper, demeure un jeu au contenu et au physique aussi aguicheur que celui d’une sirène.
Un Flipper pas fait par des manchots
Il y a de ces jeux qui vous donnent une excellente impression dès qu’ils se lancent. Et Quantic Pinball fait clairement partie de cette catégorie. Dès l’écran d’accueil, on se sent en confiance, et on sait que, déjà, le travail graphique sera accompli de fort belle manière.
La partie lancée, cette sensation ne fait que se confirmer. Là où d’autres flippers usent de la 3D avec des textures en veux-tu en voilà à faire chauffer votre appareil mobile comme un micro-onde, Quantic Pinball a l’audace de se présenter en 2D. Mais quelle 2D ! Une 2D colorée, qui m’a rappelé, à quelques instants, la beauté graphique d’un Abyss Attack, bourrée de détails, avec une patte indéniablement originale.
On nage en plein univers rétro-futuriste qui fleure bon la science-fiction des années 8O, avec des touches roses fluo, mauves, bleutées. Et c’est bon, très bon même. Surtout que rien n’est laissé au hasard.
En effet, la musique entraînante, très typée synthé, et les bruitages futuristes (même dans les menus, où une voix robotique vous informe de vos choix) viennent parfaitement se coller à l’ambiance.
Ainsi, Quantic Pinball forme une unité complète, où tous les choix de développement ont été pensés avec soin. Personnellement, j’ai accroché, et je me serais bien imaginer y jouer en écoutant des artistes (français, qui mériteraient que vous y jetez, à défaut d’un œil, une oreille) comme Perturbator ou bien encore Lueur Verte.
J’suis comme une boule de flipper @ Corinne Charly (une drôle de dame)
Heureusement pour nous, après cet étalage de maîtrise certain, les développeurs auraient pu tomber dans la facilité, et nous proposaient un flipper sans intérêt, un peu comme la chanson précitée en référence (N’est pas Jennifer qui veut ! N’est-ce-pas, Florian ?). Ils ont fait le choix d’un jeu complet au contenu multiple, pour notre plus grand bonheur.
Je ne vous ferai pas le déshonneur de vous présenter un jeu de flipper. Sachez juste que Quantic Pinball répond au doigt et à l’œil, et que chaque coup porté, avec élégance, du bout de vos doigts affutés, est parfaitement rendu. Mais, surtout, il est bien plus qu’un simple jeu de flipper.
Non pas qu’il en oublie les principes essentiels de scoring et de boules métalliques (Robocop, si tu m’entends, tu en as laissé pas mal dans ce jeu, et tu es prié de venir les rechercher), inhérents à tout jeu de flipper dit classique, mais il introduit quelques subtilités notables qui le différencient des autres.
Dans la physique notamment (quoi de plus normal me direz-vous pour de la physique quantique). Beaucoup d’obstacles viendront contrecarrer les lignes dessinées par vos boules, de quoi parfois avoir justement les boules : trous temporels, champs magnétiques, et même une table complètement éteinte où seules vos balles seront illuminées à grands effets de pixels. En outre, des bonus classiques viendront s’implanter selon votre toucher comme le multi-bille, des rampes mystérieuses, etc.
De plus, et ce, sur certaines tables, vous aurez le droit, en débloquant des bonus parfois cachés, à des shoot-em-up avec ses vagues d’aliens « pixelartisés » qu’il vous faudra dégommer à coup de boules (non pas avec votre tête sur l’écran !). D’ailleurs, il est à noter qu’au fur et à mesure de l’amélioration de vos scores, les tables se débloqueront, et surtout une nouvelle table spéciale apparaîtra : sans rampe, quasiment vide en quelque sorte, mais où apparaitront des vagues successives d’aliens comme précédemment évoquées, une table donc uniquement dédiée à ce jeu mythique qu’est Space Invaders. Un bon point pour l’originalité. Et un bon point également pour le fun.
Aurait-on à faire à un excellent jeu ? Assurément. Fort de son design très SF, de tables équilibrées, de bonus intéressants, et d’explosions de couleurs dans tous les sens, Quantic Pinball s’impose comme l’un des meilleurs jeux de flipper auquel j’ai joué. En plus d’être original dans sa conception, il n’offre pas vraiment de sentiment de solitude. On y revient toujours avec envie, rien que pour le plaisir des yeux et pour le plaisir de se surpasser. Encore et encore. Seul le prix de 2,99 euros pourrait en rebuter certains (une version d’essai est disponible au cas où vous hésiteriez), et bien entendu, ceux qui n’aiment tout simplement pas les jeux de flipper. Mais, en toute franchise, il serait dommage, tel un dauphin, de ne pas plonger dedans.
- Réalisation originale ainsi que maîtrisée
- Fun immédiat
- Retour en arrière, mais bon en avant
- Un côté SF (anticipation) bienvenu
- Pas d'intégration des scores à Google +
- Charte graphique qui, du fait de ses couleurs, ne pourra pas plaire à tout le monde