Test : Back To Bed

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La peinture est un art qui transfigure celui qui s’y projette. J’ai eu la chance, une fois dans ma vie, de voir, exposées au grand jour, quelques œuvres de Georges De La Tour (remarquez que je mets des majuscules pour l’ensemble de son nom puisque c’était un Monsieur). Résultat : j’étais bouche bée, et je reste toujours bouche bée devant de telles peintures. Même si plus moderne, et moins facile d’accès, je reste tout aussi ébahi devant la technique des peintures de ce déglingo de Salvadore Dali. Il existe des images qui ne laissent pas de marbre et que l’on peut, justement, voir en peinture, si je puis dire. Parfois certains jeux offrent une imagerie originale, un peu décalée parfois, mais surtout bourrée d’inspirations. Un peu comme Back To Bed, de Bedtime Digital Games (évidemment…), qui picore un peu les œuvres surréalistes du grand artiste précité.

C’est un tantinet réducteur, mais il est vrai que Back To Bed a trouvé une source d’inspiration, comme nous le verrons ultérieurement, dans les œuvres de Dali. Cela aurait pu être pire : imaginez un jeu musical inspiré par les succès de Jennifer (désolé au rédacteur en chef au passage). Là, nous sommes dans du classieux et surtout dans de l’original. Créer un jeu alliant réflexion, réflexe et réflexologie est original. Un peu comme le fut Monument Valley dans un passé pas si éloigné que cela. Alors ce Back To Bed vous donnera-t-il envie de vous coucher ou de jouer ?

Un concept multi-conceptuel

Cela fait classe comme expression « un concept multi-conceptuel », non ? Non ? Bon, ce n’est pas grave si vous ne répondez pas, et même si vous ne comprenez pas, l’important est de rester aware sur ce que cela peut bien vouloir dire. En fait, c’est tout simple, Back to Bed est un jeu en 3D isométrique nécessitant dextérité et vision particulière sur les décors environnants. Un peu comme Monument Valley.

En réalité (en rêverie, je dirais même), vous incarnez un mec appelé Bob. Enfin, pas tout à fait lui, mais son subconscient incarné par un chien portant son visage. Non, non, je vous assure ne rien avoir fumé d’illicite. Bob est un accro (non, non, n’insistez pas) au sommeil, si bien qu’il n’a de cesse de pioncer à la place de penser. De toute façon, il s’en fout puisque c’est son subconscient qui va travailler et penser pour lui.

Miroir, mon beau miroir, toi qui connais un secret...

Miroir, mon beau miroir, toi qui connais un secret…

En effet, il devra guider le corps du dormeur à travers de multiples dédales plus barrés les uns que les autres. Et Plus dangereux aussi. En effet, le dormeur pourra s’y perdre ou simplement y disparaitre. Ici point de mort puisque ce dernier retourne aussitôt à sa zone de départ, mais un éternel recommencement si cher à notre ami Sisyphe. Il faut dire que Bob, en bon somnambule qu’il est, ne connaît que le chemin juste devant lui, en ligne droite, jusqu’à rencontrer un obstacle.

Et ce sera son cabot, pas si cabotin que cela, qui, à l’aide de son inventivité et de ce qu’il trouvera sur son chemin, devra orienter son maître corporel vers sa destination fétiche, à savoir son lit. Et, vous pouvez me croire, son maître a de quoi se perdre.

La persistance de la mémoire ou la porte vers la 4eme dimension ?

Il se perdra comme vous vous perdrez dans des tableaux d’une rare inventivité. Parfois en trompe l’œil, souvent délirants et d’une beauté surréaliste (aux deux sens du terme), ils donnent à Back to Bed toute son envergure, car de ces tableaux naît le jeu. C’est de l’environnement qui entoure vos personnages que naît la trajectoire que vous allez leur donner, d’où l’importance du visuel. Sur ce point, c’est vraiment une réussite. Une très belle réussite qui rappelle bien des œuvres d’art (de véritables, hein). On y retrouve toute une symbolique, quelques clins d’œil distillés, avec parcimonie, à des œuvres connues.

Ici Ma Voix : "Achetez ce jeu. C'est tout pour le moment"

Ici Ma Voix : « Achetez ce jeu. C’est tout pour le moment »

Mais surtout, Back To Bed, de par son choix audacieux, offre une personnalité véritable, bien éloignée de toutes les autres productions actuelles. Même les musiques ainsi que les bruitages, très éthérés, sont une invitation au rêve hallucinatoire auquel vous participez. Ecouter, entendre, voir, palper seront autant d’atouts à mettre dans votre jeu pour réussir. C’est un voyage vers l’ouverture des sens, comme (décidément) Monument Valley.

Néanmoins, parfois, le jeu tourne un peu, non pas en cauchemar, mais en rêverie plus lourde. Heureusement, cela arrive peu souvent. Pas de quoi prendre les pieds dans une couette, et de se manger la marque d’un oreiller sur le faciès au réveil, mais quand même. Le challenge est de taille, avec ses très nombreux tableaux (30 au total) et sa double difficulté. Pourtant, comme lorsque l’on fait le même rêve, Back To bed se montre un peu lassant et un peu délicat à appréhender.

On aimera (comme votre serviteur) ou on n’aimera pas son univers, un peu hermétique et pourtant si original. Mais, clairement, il ne sera pas au goût de tout un chacun. En outre, la difficulté est assez ardue sur certains passages, surtout du fait d’une maniabilité pas totalement au poil et à une légère latence concernant votre cabot lorsque ce dernier porte et dépose des objets sur le chemin de son maître. Mais, l’on va dire que cela augmente ainsi la durée de vie d’un jeu pas chien là-dessus.

Disponible pour le prix de base de 3.02 euros, Back To Bed envoie du rêve pour celui qui est susceptible de le recevoir ainsi que de le percevoir en tant que tel. Les plus ronchons, les plus bourrins, les plus poilus trouveront à redire vis-à-vis de ce prix. A ces derniers, je leur dirais  juste d’aller se coucher, car Back To Bed les vaut largement. Il est presque le Loréal (haha) des jeux de réflexions dits isométriques. Je dis presque, car, malgré ses qualités, il n’atteint pas le pyramidal Monument Valley. Mais de peu. Vraiment de peu. Avec un peu plus de maniabilité et peut-être un univers un peu moins sombre, il aurait obtenu plus de suffrages. Néanmoins, du fait de son originalité graphique, de son style de jeu, et de son challenge important, il vous épuisera bien assez pour vous aider à vous endormir. Sereinement. Car lorsque l’on prend du plaisir durant une journée, la nuit nous semble bien plus douce.

Testé par J.Canonne • 83%
  • Univers décalé
  • Idée originale
  • Bon challenge
  • Graphismes suréalistes
  • Maniabilité parfois délicate
  • Prix ?

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